Je me souviens de toi

6 novembre 2025

Lettre personnelle 

Aux élèves qui ont croisé ma route,à ceux qui sont partis trop tôt,à ceux qui se cherchent encore,à ceux qui ont trouvé leur voie après tant d’embûches,à ceux qui m’ont poussée hors de ma zone de confort,à ceux qui m’ont confrontée à mes propres blessures,à ceux qui ont mis du temps à m’accorder leur confiance,à ceux qui m’ont laissé entrevoir la lumière derrière leurs carapaces,à ceux qui m’ont montré le vrai sens de l’humour et de l’autodérision, 

Je vous dis merci. 

Je me souviendrai toujours de mes premiers moments auprès de vous, élèves anicinabe. Du haut de mes cinq pieds, à 24 ans, fraîchement sortie de l’université, j’espérais de tout cœur trouver ma place dans votre communauté. Les premiers mois furent difficiles, c’est certain… Je n’avais pas encore conscience de l’empreinte que vous laisseriez dans ma vie, ni du poids que vous portiez sur vos petites épaules d’enfants. 

J’ai vite compris que les paris étaient lancés :« Voyons voir combien de temps la petite blonde va tenir »,« Retourne chez toi, Tigogi », etc. 

Et puis, chaque année, arrivait ce moment où ma constance et ma présence finissaient par vous rassurer, par vous convaincre :« D’accord, elle va rester. Elle sera encore là demain matin. » 

Enfin, je gagnais votre confiance et cette confiance-là n’a pas de prix. 

 

À mes élèves actuels,  je dois vous avouer que c’est en lisant vos lettres personnelles que j’ai eu envie de mettre mes pensées sur papier. Votre sincérité, vos partages et vos multiples talents ne cesseront de m’épater.  

 

Donc, aux anciens, aux présents et futurs élèves, 

Merci pour vos confidences,pour les étoiles dans vos yeux lorsque vous comprenez enfin une notion,pour vos partages culturels, qui m’apprennent tant,pour les moments de fierté, de rires et de larmes,pour vos confrontations aussi, car elles me poussent à grandir et à vous comprendre un peu mieux chaque jour. 

Merci pour tout. 

 

Le métier d’enseignant est unique. Mais enseigner dans une communauté, côtoyer des aînés, des parents et des enfants si résilients malgré leurs blessures, c’est bien plus que cela pour moi. 

Et si, au fil du temps, j’ai réussi à semer quelques graines de confiance dans vos cœurs, à vous refléter le potentiel immense qui est en vous ou à vous apaiser les jours de tempête, alors j’en suis comblée. 

Pour vous rendre hommage, je continuerai d’affirmer haut et fort la fierté que j’ai de travailler avec vous. Je continuerai de défaire les préjugés.À mes enfants, issus d’une union anicinabe et allochtone, je permettrai de se relier à vos sept valeurs ancestrales, de découvrir la langue, et de grandir le plus souvent possible au contact de la nature. 

 

Kisagin. 

 

Audrey-Ann

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